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Hors les murs
Omaïra Meseguer
 
 
Assez des murs. Empressons-nous, sortons ! Attendez, n’allez pas si vite, et si vous observiez de plus près ? Jacques Lacan nous rappelle avec Leonard de Vinci : « Regardez le mur » [1] !

« Si tu regardes des murs barbouillés de taches, ou faits de pierres d’espèces différentes et qu’il te faille imaginer quelque scène, tu y verras des paysages variés, des montagnes, fleuves, rochers, arbres, plaines, grandes vallées et divers groupes de collines » [2], écrit le peintre. Une invitation à se laisser transporter par une glissade d’associations d’images. De la simple tache noirâtre à la figuration, de la moisissure à une Madone sublime ou à un paysage envoutant…

Lacan indique qu’il y a « quelque chose d’autre qui peut venir sur le mur » [3], ce qui semble davantage l’intéresser que les images éveillées par la « lyre du désir » [4] de Léonard de Vinci : les ravinements. Quel mot ! Les rigoles creusées par le passage insidieux de l’eau de pluie. Sur le mur, il y a les traces des ravinements « non pas seulement de la parole – encore que ça arrive, c’est bien comme ça que ça commence toujours –, mais du discours » [5].

Nous pourrions dire que sur le mur, il y a des sillons creusés par le ruissellement de la langue. Des entailles faites par l’écoulement de la matière jouissante. Une infiltration de jouissance qui troue la pierre.

Pour Lacan, les traces sur le mur sont du même ordre que les ravinements. Cependant, en rappelant leur statut de trou, il laisse entendre qu’elles marquent la place de ce qui ne peut se dire mais qui peut, éventuellement, se lire, parce que c’est écrit. C’est un choix, ne pas se « contenter […] de ces sens-confusions » [6], pas de glissement de sens mais achoppement par le trou. Désormais vous ne regarderez plus un mur de la même façon.

Voici un numéro de L’Hebdo-Blog, nouvelle série, entre mur et mur.


[1] Lacan J., Le Séminaire, livre XIX, … ou pire, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2011, p. 74.
[2] Vinci (de) L., Les Carnets de Léonard de Vinci, t. II, Paris, Gallimard, 1989, p. 247.
[3] Lacan J., Le Séminaire, livre XIX, … ou pire, op. cit., p. 74.
[4] Ibid., p. 76.
[5] Ibid., p. 74.
[6] Ibid., p. 76.
 
 

 

 

 

 

 

 

 

 
Exfiltrer l’obsessionnel
Patrick Monribot
 
La référence aux fortifications à la Vauban pour parler du névrosé obsessionnel montre bien jusqu’à quel point le sujet est enfermé afin de se protéger du désir. Confiné, il l’est, il n’y a pas de doute.
 
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Faire le mur
Anne Béraud
 
Se heurter une fois, et plus encore, au mur de l’impossible existence du rapport sexuel. Plusieurs tours sont nécessaires pour défaire, avec les mots, ce qui s’est tissé avec les mots.
 
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Quand Lacan parlait aux murs
Damien Guyonnet
 
Quel dire peut viser le règne de l’Un-tout-seul intrinsèque à toute parole ? De quels murs s’agit-il dans l’expérience analytique ?
 
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Résonances
Marie-Claude Sureau
 
L’expérience analytique fait résonner la langue, offrant au sujet une chance de se faufiler entre les interstices du mur du langage.
 
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