Programme d'études cliniques du Québec 2014-2015 : inscriptions jusqu'au 15 octobre 2014

 

Bandeau Programme clinique

 

Qu’est-ce que le Programme d'études cliniques?

Orienté par l’enseignement de Jacques Lacan, le Programme d'études cliniques vise dans ses objectifs l'enseignement de la psychanalyse, tant théorique que clinique.

Le Programme d'études cliniques s’adresse à des psychologues, psychiatres, psychothérapeutes en formation, des soignants ou des intervenants en « santé mentale », ainsi qu’à des analysants, qui décident d’orienter leur pratique à partir de la psychanalyse.

Le Programme d'études cliniques s'inscrit dans l'espace de l'Institut du Champ Freudien et de l'Association UFORCA, rattachée à l'Union pour la Formation Continue en Clinique Analytique pour l'Université Populaire Jacques Lacan (UPJL). De nombreux programmes, antennes et sections cliniques dans plusieurs pays du monde en font partie. Voir le communiqué suivant :
http://www.amp-nls.org/page/fr/49/nls-messager/0/2013-2014/1493

Les activités ont lieu de septembre à juin de chaque année.

Admission

Sur dossier et entretien préalable.

Au-delà de tout critère administratif, les admissions sont prononcées au un par un après un entretien du candidat avec un des responsables du Programme d'études cliniques.

Pour faire la demande, il est nécessaire d’avoir un diplôme de niveau universitaire ou en cours d'acquisition.

Il n’y a pas de limite d’âge pour solliciter l’admission.

La demande d’admission doit être adressée, avec lettre de motivation et curriculum vitae, avant le 15 octobre 2014, à Anne Béraud :

anne.beraud@pontfreudien.org

Une attestation d’études sera remise aux participants, s’ils ont rempli les conditions exigées, de participation à la totalité du programme.

La participation au Programme d'études cliniques n’autorise pas la pratique psychanalytique et ne confère pas un titre de psychanalyste.

Tarif d'inscription

  • Régulier : 490$
  • Étudiants : 290$
  • Membres de NLS-Qc : 290$

Ces tarifs comprennent l'inscription à l'ensemble des activités incluses dans le Programme d'études cliniques.

Programme pour l’année 2014-2015

  1. Séminaire théorique : La clinique des psychoses
  2. Rencontres cliniques avec patients
  3. Séminaire mensuel organisé par le Pont Freudien
  4. Les deux rencontres annuelles du Pont Freudien
  5. Journées d’étude de NLS-Qc
  6. La matinée des cartels

icone bleu petit1. Séminaire : La clinique des psychoses

 

Durée : 2 ans.

Description

Freud a découvert la psychanalyse à travers la névrose – les cas d’hystérie, tandis que pour Lacan, la porte d’entrée dans la psychanalyse fut la clinique des psychoses.

La psychose semble réduite, à l’heure actuelle, à un simple phénomène ou, plus précisément, à un état clinique. À aucun moment, elle n’est pensée dans la classification actuelle, comme un « mode de fonctionnement » du sujet ou, pour le dire autrement, une « structure clinique ». La distinction était pourtant de poids il y a quelque décennies, car le partage entre « psychose et névrose » était essentiel à la compréhension du cas clinique, en même temps qu’il traduisait la conception qu’avait le praticien de la cure. Lacan distingue à partir de son « retour à Freud » et de sa longue expérience clinique et psychiatrique, un non fonctionnement chez le psychotique de ce que Freud a appelé « le refoulement primaire ». Ce dernier est instauré à jamais chez le sujet névrosé, une fois que l’Œdipe et le complexe de castration qui lui est inhérent, ont marqué son histoire. Cette « coupure » entre un avant et un après dans l’histoire du sujet, typique chez le névrosé, ne semble pas s’inscrire pour le psychotique : preuve en est que cette castration symbolique qui n’a pas été inscrite chez le sujet, « fait retour dans le réel », que ce soit sous la forme des hallucinations ou des délires, ou sous la forme du passage à l’acte caractérisé par la mutilation corporelle. Lacan proposa un « traitement possible » chez le sujet psychotique, traitement qui, n’excluant pas les médicaments, arrive à cerner ce défaut symbolique fondamental qu’il appellera « forclusion du Nom-du-Père ».

Même si ce défaut suppose qu’il n’y ait pas de guérison de la psychose, il n’en reste pas moins que celle-ci peut être (parfois uniquement) traitée et stabilisée sous traitement analytique. La cure analytique chez le sujet psychotique sera profondément différente de celle du névrosé : sans ce repère clinique essentiel, nous risquons non seulement de méconnaître l’essence de la psychose, mais aussi de déclencher des ravages.
 

Le Séminaire III sur Les Psychoses, de Jacques Lacan, qui date de 1955-56, constitue une pierre d'angle à propos de la question de la psychose. Dans ce Séminaire, Lacan parle de rejet du signifiant primordial pour introduire la notion de forclusion et pour conceptualiser l’idée de la forclusion du Nom-du-Père.

Lacan y différencie clairement la structure psychotique de la structure névrotique. Le sujet psychotique est défini à partir de la forclusion du signifiant du Nom-du-Père. La carence du signifiant primordial dans le registre symbolique va être la condition nécessaire pour parler de structure de la psychose.
 

S'appuyant sur la logique du Séminaire III Les psychoses, nous étudierons la clinique différentielle entre psychose et névrose.

Pour travailler ce Séminaire III, une nouvelle formule de travail est proposée, où il est attendu que le participant y mette du sien dans un travail de cartel.

Un cartel est un petit groupe de travail qui permet une élaboration soutenue et qui possède une structure et un mode de fonctionnement propre. Un cartel est composé de quatre personnes et d'un Plus-Un, davantage expérimenté, dont la fonction est d’assurer le fonctionnement du cartel à partir du travail de chacun et d’interpréter les effets imaginaires du groupe. La durée du cartel est d'un an ou deux ans maximum.

Ainsi, les participants se réuniront en cartels et travailleront le Séminaire III dans chacun des cartels.

La constitution des cartels se fera par tirage-au sort.

Le travail sera réalisé en deux temps :

  • Dans un premier temps, les cartels traiteront des mêmes chapitres pendant leurs rencontres.
  • Dans le second temps, un enseignant donnera un séminaire pour capitonner (articuler) les chapitres travaillés dans les cartels.

Pour rendre ce séminaire avec l’enseignant plus opérant, les participants enverront préalablement les questions surgies lors de leur travail dans le cartel.

La fréquence des rencontres des cartels reste à la discrétion de chaque cartel.

Lors d'une année, il y aura trois rencontres avec un enseignant.

Dates :

  • mercredi 3 décembre 2014 à 19h ;
  • mercredi 25 février 2015 à 19h ;
  • mercredi 27 mai 2015 à 19h.

icone bleu petit2- Rencontres cliniques avec patients

La « présentation de malades » a été au principe même de la formation, depuis le milieu du 19ème siècle, de générations successives de psychiatres et d’infirmiers, puis plus tard de psychologues et de psychanalystes, mais aussi de travailleurs sociaux, bref, de tous ceux que leur fonction destinait à soigner à l’hôpital, comme à accompagner hors de l’hôpital, les « malades mentaux ».

La « présentation de malades » est donc une pratique psychiatrique très ancienne et précieuse, particulièrement à l’école française. Elle est associée au tableau d'André Brouillet, Une leçon clinique du Dr Charcot à la Salpêtrière.

Traditionnellement, cette activité appartenait au strict champ psychiatrique, mais depuis les années ’60, elle a été réintroduite par Jacques Lacan, avec les présentations de malades qu’il menait à l’hôpital Ste Anne à Paris. Elle est devenue un instrument du travail psychothérapique à l’hôpital, mais aussi de formation des psychanalystes dans le cadre des Programmes, Antennes et Sections cliniques créées sous les auspices du Département de psychanalyse de Paris VIII.
 

Dans le moment actuel, notamment en Amérique du Nord, on peut constater un certain déclin de la méthode clinique, dans une psychiatrie qui vise plus une définition de la maladie mentale à partir de l’application d’une série d’échelles qu’une référence formelle à la singularité du cas. Il y a donc une perte de référence à la clinique, tant dans la formation que dans la recherche et dans la pratique, qui se trouve de plus en plus réduite autour d’une nosologie limitée à des constellations syndromiques d’items co-occurents, propres aux classifications a-théoriques contemporaines.
 

Le Programme d'études cliniques vise à maintenir vivante la clinique psychanalytique qui se trouve de plus en plus effacée de la psychiatrie, de la psychologie et du champ de la santé mentale. Il ne s’agit donc pas d’une question d’École, mais bien plutôt du souci de soutenir un type d’approche thérapeutique qui reste tout à fait légitime pour la compréhension de la maladie mentale.

La démarche est la suivante. Une équipe soignante propose à un psychanalyste de rencontrer un patient, en présence même de l'équipe et des participants au Programme d'études cliniques. Qu’attendre de cette rencontre ? Pour le patient, c’est une occasion de venir témoigner de ce qui, pour lui, est « impossible à supporter ». Pour l’équipe soignante, des éclairages nouveaux peuvent être apportés sur certaines butées que rencontre la prise en charge. De même, des questions concernant les modalités de la stratégie thérapeutique sont soulevées.

Pour les participants au Programme d'études cliniques, il s’agit de se faire enseigner par les propos du patient à partir des inventions qu’il propose, et pas seulement dans une perspective de vérification, tout en cherchant cependant à repérer au plus près la structure clinique et le diagnostic. Il s'agit donc d'obtenir, à partir des questions du clinicien et du discours du patient, les éléments qui concernent la structure du sujet, au-delà de la phénoménologie.

Cette activité fait partie de la formation clinique.

Une discussion suit la rencontre clinique avec le patient. Elle permet d'approfondir l'élaboration du cas et de soulever les questions de la clinique différentielle.
 

Cette année, le Programme d'études cliniques commence ses rencontres cliniques avec des patients, avec des vidéos enregistrées à Paris, à l’hôpital du Val-de-Grâce, lors d'entretiens réalisés par Guy Briole.

Guy Briole est psychanalyste, psychiatre et Professeur à l'hôpital du Val-de-Grâce (ancien directeur de l'École de Médecine du Val-de-Grâce) à Paris. Il est membre de l'École de la Cause Freudienne (ECF) dont il a été le Président (1997-98), de la Escuela Lacaniana de Psicoanálisis (ELP) et de l'Association Mondiale de Psychanalyse (AMP). Il enseigne au département de psychanalyse de l'université Paris VIII. Il fut le coordonnateur de la Red assistencial à Madrid lors des attentats du 11 mars 2004. Il a publié plusieurs ouvrages et il est l'auteur de plus de 500 articles.

Une discussion clinique suivra la projection.

Fréquence : 3 fois dans l'année.

Dates :

  • mercredi 29 octobre 2014 à 19h ;
  • mercredi 28 janvier 2015 à 19h ;
  • mercredi 29 avril 2015 à 19h.

icone bleu petit3- Séminaire mensuel

Fréquence : mensuel.

Durée : un an.

Cette année le séminaire mensuel portera sur la lecture du Séminaire VI de Jacques LACAN: Le désir et son interprétation.

Pour plus d’informations, consultez le site web :
http://pontfreudien.org/seminaires
 

  • Samedi 4 octobre : Séminaire de lecture : Rencontre du Pont Freudien avec Domenico Cosenza : Introduction au Séminaire VI.

Les mercredis de 19h à 21h :

« Sept leçons sur Hamlet »

  • 15 octobre 2014 : chapitre 13 - Anne Béraud (discutant : Zarko Lanzon).
  • 26 novembre 2014 : chapitre 14 - Tahar Amghar (discutante : Ruzanna Hakobyan).
  • 10 décembre 2014 : chapitre 15 - Pierre Lafrenière (discutant : Fernando Rosa).
  • 14 janvier 2015 : chapitre 16 - Anne Marché Paillé (discutant : Pierre Lafrenière).
  • Samedi 31 janvier : Séminaire de lecture : Rencontre du Pont Freudien avec Rodolphe Adam : chapitres 17 et 18.
  • 11 février 2015 : chapitre 19 - Zarko Lanzon (discutante : Geneviève Houde).

« La dialectique du désir »

  • 25 mars 2015 : chapitres 20 et 21 - Pierre Lafrenière (discutant : Zarko Lanzon).
  • 22 avril 2015 : chapitres 22 et 23 - Fernando Rosa (discutante : Anne Béraud).
  • 20 mai 2015 : chapitre 24 – Tahar Amghar (discutante : Mylène Abdel Ghaly).
  • 3 juin 2015 : chapitres 25 et 26 - Ruzanna Hakobyan (discutante : Anne Marché Paillé).

icone bleu petit4- Rencontres du Pont Freudien

39ème rencontre : 3, 4, 5 octobre 2014 avec Domenico Cosenza.
  • Conférence : vendredi 3 octobre à 19h30 : Pathologies de l’excès.
  • Séminaire de lecture : samedi 4 octobre à 9h30 : Introduction au Séminaire VI Le désir et son interprétation, de Jacques Lacan. «Du désir au fantasme et retour ».
  • Séminaire clinique : samedi 4 octobre à 14h30.
  • Séminaire théorique : dimanche 5 octobre à 10h : « L’excès comme solution dans la clinique ».

40ème rencontre : 30, 31 janvier, 1er février 2015 avec Rodolphe Adam.

  • Conférence : vendredi 30 janvier 2015 à 19h30.
  • Séminaire de lecture : samedi 31 janvier à 9h30 : chapitres 17 et 18 du Séminaire VI Le désir et son interprétation, de Jacques Lacan.
  • Séminaire clinique : samedi 31 janvier à 14h30.
  • Séminaire théorique : dimanche 1er février à 10h.

Programme complet à venir.

Pour plus d’informations, consultez le site web :
http://pontfreudien.org/content/domenico-cosenza-pathologies-de-l%CA%BCexc%C3%A8s

icone bleu petit5- Journées d’étude de NLS-Québec

Date : Samedi 11 et dimanche 12 avril 2015.

Journées d'étude théorico-clinique : « Moments de crise ».
Samedi 11 avril 2015 : 9h30-17h30.
Dimanche 12 avril 2015 : 9h30-13h30.

5 présentations de cas cliniques, des cas en analyse, des cas rencontrés en institution, seront discutés.
Des exposés théoriques sur « Moments de crise ».
Invités : Yves Vanderveken + un autre invité.

Pour plus d’informations, consultez le site web : http://nls-quebec.org/

icone bleu petit6- Matinée des cartels

Date : Septembre 2015 de 10h à 13h.

Matinée qui constitue le point d'orgue du travail en cartel, puisque c'est le lieu où sont exposés les travaux des cartellisants.

À chaque rentrée du mois de septembre, une matinée des cartels a lieu.

Pour plus d’informations, consultez : http://nls-quebec.org

Les enseignants :

  • Anne Béraud. Psychanalyste à Montréal, membre de la New Lacanian School (NLS) dont elle est secrétaire, et de l'Association Mondiale de Psychanalyse (AMP). DESS de psychologie clinique et psychopathologie à l'Université Paris X. Co-fondatrice du Pont Freudien et Présidente de NLS-Québec. Enseignante dans le cadre des séminaires mensuels du Pont Freudien. Auteure de plus d'une trentaine d'articles publiés dans six langues.
  • Ruzanna Hakobyan. Psychanalyste à Montréal, membre de la New Lacanian School (NLS) et de l'Association Mondiale de Psychanalyse (AMP). Vice-Présidente de NLS-Québec. Enseignante dans le cadre des séminaires mensuels du Pont Freudien. Auteure de plusieurs articles.
  • Pierre Lafrenière. Intervenant psycho-social (ARH). DEA de psychanalyse à l'Université Paris VIII. Co-fondateur du Pont Freudien. Enseignant dans le cadre des séminaires mensuels du Pont Freudien.

Les enseignants invités :

  • Domenico Cosenza. Psychanalyste à Milan (AME). Président de la Scuola Lacaniana di Psicoanalisi (SLP) en Italie, membre de l'Association Mondiale de Psychanalyse (AMP). Psychologue. Doctorat en psychanalyse à l'Université Paris VIII. Enseignant à la section clinique de Milan. Il est l'auteur de quatre livres (Le refus dans l'anorexie aux Presses Universitaires de Rennes, Juin 2014) et de nombreux articles.
  • Rodolphe Adam. Psychanalyste à Bordeaux, membre de l'École de la Cause Freudienne (ECF) et de l'Association Mondiale de Psychanalyse (AMP). Psychologue, DESS de psychologie enfance et adolescence (Bordeaux II), doctorat de psychopathologie fondamentale (Paris VII). Il est l'auteur de plusieurs articles. En collaboration avec Philippe La Sagna, dans le cadre de la section clinique de Bordeaux, il a fait un commentaire des textes de Lacan, « L'étourdit », et « Subversion du sujet et dialectique du désir ».
  • Yves Vanderveken. Psychanalyste à Bruxelles. Président de la New Lacanian School (NLS), membre de l'École de la Cause Freudienne (ECF) et de l'Association Mondiale de Psychanalyse (AMP). Président de l'ACF-Belgique. Psychologue (Université libre de Bruxelles), directeur thérapeutique au Courtil, enseignant à la Section clinique de Bruxelles.

Bloc bleu petit

Prologue de Guitrancourt

par Jacques-Alain Miller

« Nulle part au monde il n’y a de diplôme de psychanalyste. Et non pas par hasard, ou par inadvertance, mais pour des raisons qui tiennent à l’essence de ce qu’est la psychanalyse.
 

On ne voit pas ce que serait l’épreuve de capacité qui déciderait du psychanalyste, alors que l’exercice de la psychanalyse est d’ordre privé, réservé à la confidence que fait le patient à un analyste du plus intime de sa cogitation.

Admettons que l’analyste y réponde par une opération, qui est l’interprétation, et qui porte sur ce que l’on appelle l’inconscient. Cette opération ne pourrait-elle faire la matière de l’épreuve? – d’autant que l’interprétation n’est pas l’apanage de la psychanalyse, que toute critique des textes, des documents, des inscriptions, l’emploie aussi bien. Mais l’inconscient freudien n’est constitué que dans la relation de parole que j’ai dite, ne peut être homologué en dehors d’elle, et l’interprétation psychanalytique n’est pas probante en elle-même, mais par les effets, imprévisibles, qu’elle suscite chez celui qui la reçoit, et dans le cadre de cette relation même. On n’en sort pas.

Il en résulte que c’est l’analysant qui, seul, devrait être reçu pour attester la capacité de l’analyste –, si son témoignage n’était faussé par l’effet de transfert, qui s’installe aisément d’emblée. Cela fait déjà voir que le seul témoignage recevable, le seul à donner quelque assurance concernant le travail qui s’est fait, serait celui d’un analysant après transfert, mais qui voudrait encore servir la cause de la psychanalyse.
 

Ce que je désigne là comme le témoignage de l’analysant est le nucleus de l’enseignement de la psychanalyse, pour autant que celui-ci réponde à la question de savoir ce qui peut se transmettre au public d’une expérience essentiellement privée.
 

Ce témoignage, Jacques Lacan l’a établi, sous le nom de la passe (1967); à cet enseignement, il a donné son idéal, le mathème[1] (1974). De l’une à l’autre, il y a toute une gradation : le témoignage de la passe, encore tout grevé de la particularité du sujet, est confiné à un cercle restreint, interne au groupe analytique; l’enseignement du mathème, qui doit être démonstratif, est pour tous – et c’est là que la psychanalyse rencontre l’Université.
 

L’expérience se poursuit en France, à Paris, depuis quatorze ans. Elle est à l’origine de la création de plusieurs Sections cliniques en France et en Europe.
 

Il me faut dire clairement ce que cet enseignement est, et ce qu’il n’est pas.
 

  • Il est universitaire; il est systématique et gradué; il est dispensé par des responsables qualifiés; il est sanctionné par des diplômes.
  • Il n’est pas habilitant quant à l’exercice de la psychanalyse.

L’impératif formulé par Freud qu’un analyste soit analysé, a été non seulement confirmé par Lacan, mais radicalisé par la thèse selon laquelle une analyse n’a pas d’autre fin que la production d’un analyste. La transgression de cette éthique se paie cher – et à tous les coups, du côté de celui qui la commet.
 

Que ce soit à Paris, à Bruxelles ou à Barcelone, que ses modalités soient étatiques ou privées, il est d’orientation lacanienne. Ceux qui le reçoivent sont définis comme des participants : ce terme est préféré à celui d’étudiant, pour souligner le haut degré d’initiative qui leur est donné – le travail à fournir ne leur sera pas extorqué : il dépend d’eux; il sera guidé, et évalué.

Il n’y a pas de paradoxe à poser que les exigences les plus strictes portent sur ceux qui s’essayent à une fonction enseignante dans le Champ freudien sans précédent dans son genre : puisque le savoir, s’il prend son autorité de sa cohérence, ne trouve sa vérité que dans l’inconscient, c’est-à-dire d’un savoir où il n’y a personne pour dire « je sais », ce qui se traduit par ceci, qu’on ne dispense un enseignement qu’à condition de le soutenir d’une élaboration inédite, si modeste soit-elle.

On commence, en Espagne comme en Belgique, par la partie clinique de cet enseignement.

La clinique n’est pas une science, c’est-à-dire un savoir qui se démontre; c’est un savoir empirique, inséparable de l’histoire des idées. En l’enseignant, nous ne faisons pas que suppléer aux défaillances d’une psychiatrie à qui le progrès de la chimie fait souvent négliger son trésor classique; nous y introduisons aussi un élément de certitude (le mathème de l’Hystérie).

Les présentations de malades viendront demain étoffer cet enseignement. Le domaine dit en France des études approfondies, et dont le ressort est la rédaction d’une thèse de doctorat, s’ajoutera plus tard. Conformément à ce qui fut jadis sous la direction de Lacan, nous procéderons pas à pas. »

 

Jacques-Alain Miller, 15 août 1988.
 

[1] Du grec mathema, ce qui s’apprend.